A la force de tirer sur la corde sensible des internautes, il fallait s'y attendre.
L'article d'hier, à la photo très médiocre, à l'angle de vue incongru et déplacé, au titre minable et indigne du moindre almanach, aux sous-entendus inacceptables et à l'approche culturelle inconsistante faute de cartel, m'obligent aujourd'hui à aborder un sujet de fond. La mort.
Et plus précisément, le char funèbre de Louis XVIII, le frère de Louis XVI et de Charles X.
Ce véhicule est le seul corbillard royal conservé en France.
Il a été construit en 1809 pour les obsèques du maréchal Lannes, duc de Montebello, à partir d'éléments préexistants assemblés à la hâte, portant les marques de trois carrossiers : Prelot, Devaux et Daldrigen.
Coté dimensions : 4,66 m de hauteur, 5,70 m de longueur, 2,58 m de largeur pour un poids de 2 500 kg environ.
Il a été transformé par la suite pour transporter le corps du duc de Berry, assassiné en 1820.
Il fût à nouveau remanié pour les funérailles de Louis XVIII le 23 septembre 1824.
Louis XVIII, roi de France depuis 1814, meurt le 16 septembre 1824. Une semaine après le décès, le 23 septembre. Un monumental corbillard attelé à huit chevaux caparaçonnés de velours noir, prend la tête du long cortège funèbre conduisant la dépouille du Roi des Tuileries jusqu’à l’abbaye de Saint‐Denis, nécropole des rois de France.
Cent un coups de canon sont tirés dans la cour des Tuileries.
En 1824, pour les funérailles grandioses – bien éloignées de la sobriété observée à la mort de Louis XIV et à celle de Louis XV – les Chambres ont voté des crédits exceptionnels et le service des Menus Plaisirs s'est appliqué à enrichir le char funèbre de symboles religieux et d'emblèmes royaux.
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L’état restitué lors de sa restauration en 1995 est celui des funérailles de Louis XVIII, car il est le mieux documenté et que ce char a servi à de nombreuses reprises (neuf fois au total) et fût donc plusieurs fois remanié.
Le char funèbre a resservi pour d'autres funérailles, dont celles des par encore cités maréchal Mortier ou de deux présidents de la IIIe République, Sadi Carnot en 1894 et Félix Faure en 1899.
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Au sommet du corbillard, la couronne de France est soutenue par un bouquet de lys au naturel et par quatre génies renversant une torche, symbole de la mort. La galerie est sculptée à jour de palmettes et, aux quatre angles, de lys surmontés de panaches de plumes d'autruches noires et d'aigrettes blanches. Aux encoignures, des anges-caryatides porteurs de palmes symbolisent l'espérance de la Résurrection.
Le drap mortuaire en velours noir bordé d’hermine aux armes de France et de Navarre, et le manteau royal en velours violet fleurdelisé et frangé d’argent, qui couvrent le cercueil ont été copiés d’après les originaux conservés, le premier au Mobilier National, le second à l’abbaye de Saint-Denis.
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Ce char funèbre, en mauvais état, se trouvait constitué de différentes pièces détachées. Pouvait-il être présenté au milieu des voitures, carrosses berlines, au vécu chargé d’histoire Curieux mystère de la volonté humaine, il est devenu un des fleurons du musée. C’est grâce au travail de recherche et de restauration, mené par M Daniel Meyer, conservateur en chef du musée de Versailles, et son équipe, que ce phénix, si l’on peut dire cela d’un tel véhicule, renaquit de ses cendres. "C’est à partir de l’examen de la voiture, de ses marques d’origine; M.R. 1790 comportant la couronne royale surmontée de trois fleurs de lys, et de l’observation d’un dessin à la plume de Chasselat montrant la translation du corps de S.M. Louis XVIII à St Denis, que Monsieur Roland Bossard, documentaliste au Musée National des chateaux de Versailles et de Trianon, identifia ce char funèbre comme étant celui du dernier Bourbon mort aux tuileries" -cf.Les funérailles de Louis XVIII de Pascal Moreaux-.
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Liste des illustres passagers :
- Maréchal Lannes, duc de Montebello, en 1809
- Le duc de Berry, fils du futur Charles X, assassiné en 1820
- Louis XVIII en 1824
- Le dernier des Condé, découvert pendu dans sa chambre en 1830,
- Le maréchal Mortier, victime de l'attentat de Fieschi visant le roi Louis-Philippe en 1835
- Le duc d'Orléans, fils aîné de Louis-Philippe tué dans un accident de voiture en 1842
- Le Roi Jérôme, frère de Napoléon1° en 1860.
- Le président de la Troisième République, Sadi Carnot, assassiné ; en 1894
- Le président de la Troisième République, Félix Faure, après une pompe funèbre (ou pendant, cela dépend des sources) en 1899.
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J'ai pillé allégrement plusieurs sources pour copier-coller cet article.
Faites une recherche sur le net et vous trouverez rapidement les sources en tapant "Char fenèbre Louis XVIII". Je tiens tout de même à distinguer ce site : Attelage-patrimoine, de loin le plus riche et le mieux documenté (sans que cela ne tourne à la monographie en 480 pages).
Les sources citent 9 à 10 utilisations. Donc, il en manque 1 (ou aucun selon les sources). Qui ?
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Char funèbre dit de Louis XVIII des carossiers Prelot, Devaux et Daldringen et des architectes Lecointe et Hittorff, dans son état restitué en 1995.
Galerie des carosses
Grandes écuries
Versailles -- Juin 2016.